On parle toujours des manifestations d’un burn-out mais très peu des phénomènes biologiques. Le burn-out s’incarne avant tout dans le cerveau.
Comprendre en premier lieu les mécanismes cérébraux, plus que les symptômes et les conséquences visibles, permet d’envisager la reconstruction sous l’angle de la neuroplasticité tout en étant accompagné par des professionnels de santé.
Audavia aborde un point de vue scientifique : le burn-out n’est pas une faiblesse psychologique mais une blessure neurologique physique, mesurable et réversible.
L’article explore le vécu de Stéphanie C. (sous anonymat)– manager d’une équipe de 40 personnes – et l’expertise terrain de Cécile Cuby – Sophrologue Humaniste Expert et formatrice en gestion du stress et burn-out en entreprise.
Le burn-out est la réponse physiologique, prévisible et mesurable d’un cerveau exposé à un environnement de stress chronique et ingérable.
Selon l’Association for Psychological Science, l’épuisement professionnel et le stress psychosocial chronique peuvent perturber les capacités cognitives et les systèmes neuroendocriniens. Ils provoquent alors des changements dans l’anatomie et le fonctionnement du cerveau.
Cette réalité neurobiologique libère de la culpabilité d’une quelconque faiblesse souvent perçue comme psychologique.
Pour comprendre comment se reconstruire d’un burn-out, il faut d’abord saisir l’ampleur de la déconstruction. Le stress professionnel incessant laisse des cicatrices sur le cerveau.
Initialement, le stress est un mécanisme de survie utile (lutte ou fuite) qui libère adrénaline et cortisol face à un danger. Au travail, les menaces constantes (pression, emails) activent ce système en permanence, créant un stress chronique. Le corps est alors inondé de cortisol, qui devient nocif, endommage le cerveau, affaiblit le système immunitaire et épuise l’organisme.
Les premiers signaux d’alerte d’épuisement imminent sont la plupart du temps la fatigue émotionnelle et un sommeil en dents de scie.
Sur le terrain, Cécile Cuby, sophrologue et formatrice en entreprise en gestion du stress, accompagne des salariés « qui expriment souvent des situations exigeantes de travail».
« Ils n’arrivent plus à faire face et sont ébranlés émotionnellement. Il en résulte un état de fatigue physique, émotionnel et mental avec des troubles du sommeil et émotionnel. Ils perdent confiance en eux, n’osent pas en parler et se remettent souvent en cause. Ils doutent de leurs compétences, de leur légitimité à leur poste, et ont des cogitations mentales qui perturbent leur sommeil récupérateur. Et voici comment un cercle vicieux est mis en place jusqu’à l’épuisement total. »
Le cortex préfrontal, chef d’orchestre de la concentration et de la prise de décision, est très sensible aux effets toxiques du cortisol. Le Dr David Gourion explique dans un article médical sur le burn-out que cette zone peut subir une réduction de volume et de connexions neuronales. Cette « fracture » cérébrale visible rend la gestion des problèmes cognitifs quotidiens beaucoup plus lente et énergivore pour la personne atteinte.
L’amygdale, notre système d’alarme cérébral primitif, scanne en permanence l’environnement à la recherche de menaces. En cas de stress chronique, elle devient hyper-réactive et grossit, provoquant anxiété et irritabilité (« à cran »). Simultanément, la connexion avec le cortex préfrontal, censé la calmer, s’affaiblit, laissant l’alarme sans contrôle.
L’hippocampe est essentiel à la mémoire, à l’apprentissage et à la régulation de l’humeur. Il est également très vulnérable au cortisol dont les effets toxiques sur ses neurones entraînent son atrophie. Les conséquences directes sont des trous de mémoire, des difficultés d’apprentissage et un « brouillard cérébral ».
« Les troubles de l’anxiété, les tensions musculaires diffuses, l’irritabilité ou l’absence d’émotion apparaissent ensuite avec parfois des manifestations cognitives comme les troubles de la mémoire, de l’attention ou encore de la concentration. C’est souvent à ce moment que les gens consultent leur médecin traitant, qui peut déceler un état dépressif et prescrire des antidépresseurs. » – Cécile Cuby
Le cerveau n’est pas une machine figée ; il est une structure vivante, dynamique et malléable. La reconstruction après un burn-out est une réalité biologique axée sur la neuroplasticité.
La neuroplasticité est la capacité extraordinaire du cerveau à se remodeler tout au long de la vie en créant, défaisant ou réorganisant les réseaux de neurones.
« La théorie polyvagale du Dr. Stephen Porges, neuropsychiatre américain, a mis en avant l’importance du nerf vague et le rôle de notre système nerveux autonome. Quand ce dernier est « dysrégulé » différents signaux apparaissent comme l’anxiété persistante, le stress chronique, les troubles du sommeil, le manque d’énergie chronique, les douleurs inexpliquées, la difficulté à se concentrer ou encore la sensation d’être constamment en état d’alerte. » – Cécile Cuby
| Processus de reconstruction | Objectifs | Actions |
| L’arrêt d’urgence | – Stopper la production excessive de cortisol – Mettre le système nerveux au repos pour enclencher la réparation. | – Se déconnecter de la source de stress – Accompagnement médical – Réguler sa physiologie, lâcher-prise : exercices de respiration en sophrologie pour retrouver de la sécurité intérieure |
| La rééducation | – Réparer les structures endommagées – Stimuler de nouvelles connexions neuronales | – Privilégier le sommeil (réparateur) – Gérer les crises d’angoisse, se réaligner avec ses valeurs : exercices de visualisation positive en sophrologie |
« Chaque individu est différent et la première étape est de comprendre comment il fonctionne, sans jugement, et pourquoi il en est arrivé là. Ensuite, il faut apprendre à se réguler via des exercices de respiration, de sophrologie, de neurobiologie et acquérir une boîte à outils personnalisée pour sa problématique particulière et de reconstruction d’estime de soi, de gestion de l’anxiété afin de devenir autonomes dans sa pratique. » – Cécile Cuby
Selon la sévérité du burn-out, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande, dans son rapport 2017 « repérage et prise en charge du burn-out » , les psychothérapies de type Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) comme un autre outil efficace pour la reprogrammation du cerveau.
Réussir le retour au travail après un burn-out exige une stratégie concertée où la responsabilité est partagée entre le salarié et l’entreprise pour éviter la rechute.
« Comprendre les mécanismes du stress et ses facteurs déclenchants, et appréhender l’impact du stress au quotidien, professionnel ou personnel, est vital. Je leur donne des outils selon leurs besoins, en sophrologie, breathwork, neurobiologie et management. L’objectif est qu’ils soient autonomes pour identifier les facteurs de stress et agir tout en apprenant à connaitre et mettre leurs limites, faire leur sas de décompression entre le travail et la maison. » – Cécile Cuby
Stéphanie C., manager de 40 personnes dans le secteur IT, pointe l’impact du contexte sociétal au-delà du contexte de travail.
« Un matin, en allant travailler, j’ai craqué, j’ai fait demi-tour. Je n’arrivais plus à respirer. C’est mon corps qui a dit stop. Pourtant, quelques jours avant, un collègue alerte mon manager qui me dit d’arrêter, d’aller consulter un médecin. L’écueil, c’est que dans ces moments-là, tu te dis que ça va aller, qu’il faut tenir le coup et te battre. »
« Oui, cependant je n’ai pas fait le lien direct, peut-être parce qu’inconsciemment il est impossible de reconnaître qu’on n’y arrive plus. J’avais un mauvais sommeil, des problèmes de santé plus fréquents puis je m’isolais juste parce que j’étais épuisée. Psychologiquement, j’avais le sentiment de n’être jamais à la bonne place, j’étais paumée, plus rien n’avait de sens. »
« Mon médecin m’a mis sous antidépresseurs, a suspecté une bipolarité. Mais je n’étais pas du tout dépressive ! Je l’ai vécu comme une vraie errance médicale sans accompagnement efficace. Pour moi, le burn-out est un mal méconnu. »
« Tout quitter du jour au lendemain c’est un luxe ! Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que je risquais de perdre mon travail. Et puis, même si tu en parles autour de toi, l’entourage ne t’encourage pas à tout arrêter. C’est toujours un tabou ! »
« Oui il y avait une vraie stratégie avec la présence d’infirmiers et de psychologues sur le lieu de travail, des formations et des ateliers sur le sujet. A mon avis, tout ça ne sert à rien face à un mal sociétal plus profond où le travail et la qualité de vie ne se sont plus corrélés. »
« Ce sont les mentalités qui doivent changer. Nous sommes dans une culture de travail où tu ne t’arrêtes jamais, dans un souci de performance projetée permanente. Le présent n’a plus de sens, ni de valeur. Pour moi, le burn-out est un phénomène qui traduit un phénomène de société : la performance à moindre coût, la peur de perdre son emploi, l’absence d’interaction humaine de qualité. Le rythme de travail doit laisser une respiration. Ce n’est plus le cas dans notre système social. Il n’y a plus de temps pour exister.»
« Reprendre progressivement en mi-temps thérapeutique. Mais j’avais peur que mon équipe n’ait plus confiance en moi. Sans m’en rendre compte, je suis repartie dans le système infernal de la productivité et de la performance, avec la peur latente d’un futur burn-out. »
« J’ai appris à mieux m’observer et à m’écouter car je n’ai aucune certitude que ça ne recommence pas. J’ai besoin de me reconnecter à une valeur importante pour moi, ma liberté. Je réfléchis sérieusement à de nouvelles pistes professionnelles an accord avec mes priorités. »
Le burn-out est une blessure neurologique handicapante mais réparable grâce à la neuroplasticité. Aux côtés d’un suivi médical indispensable, la reconstruction exige un engagement actif pour déconnecter et utiliser des outils comme la sophrologie ou les TCC pour des effets durables notamment lors du retour au travail.
Cette épreuve peut devenir une opportunité pour une vie plus authentique et alignée dans un contexte social compliqué où seul le bien-être doit rimer avec performance.
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