L’univers du sport de haut niveau offre un éclairage puissant sur les dynamiques de performance collective en entreprise. Interviewé sur Radio France en 2023, Fabien Galthié, sélectionneur de l’équipe de France de Rugby, entérine la définition d’une équipe : « C’est un projet collectif avec un objectif individuel ».
Audavia est convaincu que les dynamiques sportive et managériale se rejoignent. Cet article explore les stratégies de communication et de gestion du collectif issues du coaching sportif. Enfin, il expose leurs applications concrètes pour bâtir des équipes gagnantes en entreprise.
Grâce aux témoignages d’Olga Pakhomova – coach professionnelle certifiée- et de Frédérick Guillaud -consultant formateur en communication – nous pouvons affirmer que « Manager des collaborateurs ou coacher des athlètes du XV de France, c’est le même combat ! »
Nos deux experts se rejoignent pour affirmer que le sport de haut niveau est une source abondante d’inspiration pour les entreprises. Attribution des rôles, théorie des points forts, gouvernance horizontale et droit à l’erreur sont autant de pistes pour emmener les managers et leurs collaborateurs en entreprise vers le succès.
Pour Frédérick Guillaud, des talents bien identifiés et des rôles clairement définis, avec des objectifs précis, sont essentiels à la performance du collectif.
« Attaquant, défenseur, pilier, demi d’ouverture… qui a quel talent pour faire quoi ? Dans une équipe sportive chacun est à sa place. Attribuer des rôles clairs et définis selon les qualités et les compétences individuelles est essentiel »
Olga Pakhomova souligne le parallèle dans l’entreprise :
« De même que dans une équipe sportive, les rôles en entreprise se distinguent entre le front, le back office et le management. Dans les deux cas, la cohésion est importante. »
Point de départ d’un esprit d’équipe fort et d’une performance collective anticipée, la mise en lumière des talents individuels renforce systématiquement les qualités de l’équipe.
Frédérick pointe l’importance de mettre en place cette théorie exercée dans le sport. Une approche similaire dans l’agilité managériale scelle la cohésion des collaborateurs et accroit leur motivation.
« Dans le sport de haut niveau, le manager s’intéresse de manière impliquée à ses joueurs pour pouvoir identifier leurs points forts afin de les accompagner pour les développer au maximum. Une démarche parfois plus difficile à intégrer dans les codes de l’entreprise, mais extrêmement bénéfique car elle évite le découragement. »
Cette théorie n’exclut cependant pas les manques identifiés chez chacun. Elle les met de côté, provisoirement. Avant tout, la théorie des points forts mobilise toute l’énergie positive et la motivation des joueurs. D’eux-mêmes, ils reviennent ultérieurement demander l’analyse de leurs manques à leur coach.
Les bénéfices directs sur le collectif sont :
« On n’a pas cherché à régler des conflits, on est resté sur rassembler, fédérer, partager »
Fabien Galthié – Radio France – 2023
Comment mettre en place une gouvernance horizontale dans l’entreprise ? Quelle flexibilité accorder à ses « joueurs » en termes d’autonomie et de prise de décision ? Quels en sont les bénéfices ?
Olga, coach professionnelle, rappelle que sur le terrain, cette gouvernance fait loi :
« Dans une équipe sportive, le coach indique la direction mais sur le terrain, les sportifs s’appuient sur leur expertise pour agir, improviser et s’adapter à chaque situation. De la même façon, l’entreprise avec une gouvernance horizontale définit la stratégie globale. Et chaque membre de l’équipe doit disposer d’autonomie pour atteindre les objectifs. Parmi les bénéfices, on peut nommer la réactivité, une plus grande motivation, un engagement plus fort et l’intelligence collective décuplée. »
Aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle est une soft skill très recherchée. Que ce soit en entreprise ou en compétition sportive de haut niveau.
L’entraîneur du XV de France confiait « On a beaucoup travaillé sur le cerveau émotionnel, sur l’apprentissage de la compétition et comment on pouvait être un peu plus solide lors de l’épreuve. Pas des compétences techniques, pas des compétences stratégiques, mais des compétences émotionnelles. »
Nous avons demandé à Olga, comment accompagner les collaborateurs dans le développement des compétences personnelles et émotionnelles pour renforcer l’esprit d’équipe et la performance dans l’action.
« Ça commence par la confiance en soi et par l’écoute active. Pour faire confiance aux autres, il faut d’abord développer la confiance en soi. […] L’écoute active est basée sur l’empathie, on essaie de se mettre à la place de l’autre, de le comprendre vraiment. Un collaborateur qui sait qu’il peut parler aux autres, partager ses difficultés, se sent plus fort, le stress diminue. C’est un cercle vertueux: quand je suis écouté, cela renforce ma confiance. J’ai alors envie d’écouter les autres, de m’impliquer davantage dans la performance collective. »
Les compétences émotionnelles reposent sur la conscience de soi, l’autorégulation, la motivation, l’empathie et les compétences sociales. Elles sont un atout précieux dans un contexte de changement et d’incertitude caractéristique du monde du travail d’aujourd’hui et du climat « sous tension » lors de compétitions sportives.
Pour Olga, « sur le terrain sportif les imprévus et les incertitudes, c’est la norme. Les sportifs s’adaptent en permanence, rien n’est figé. C’est cette agilité que les entreprises doivent emprunter au domaine du sport : être prêt à l’inattendu, travailler la résilience, la capacité à réguler ses émotions, l’agentivité, valoriser la solidarité de l’équipe, fixer des objectifs adaptatifs, travailler sur son état d’esprit. »
Une posture agile « à l’esprit sportif » redéfinit le rôle du manager. Sur le terrain, Frédérick explique qu’un coach doit savoir à quel moment il doit et peut parler à ses joueurs. Il doit également mettre en place une méthode et une stratégie fiable pour soutenir son équipe dans l’action et la performance.
« Il y a le moment de la compétition, ou temps fort, pendant lequel le coach ne s’adresse pas à ses joueurs, ou très peu. Ils savent ce qu’ils ont à faire. Puis il y a le temps faible, celui du debriefing, des discussions utiles. C’est aussi un espace où les discussions s’orientent sur tout autre chose et renforcent les liens entre individus. »
Une des nombreuses stratégies empruntées au sport est donc celle de l’art de la communication et du feedback.
Consultant et formateur en performance communication et en performance collective, Frédérick Guillaud constate que « le debriefing est capital mais souvent oublié, par manque de méthodes, par manque de temps aussi… Il permet d’identifier les points d’appui qui ont permis de réussir que ce soit individuellement ou collectivement mais aussi les obstacles et les manques.»
Dans sa pratique professionnelle, il constate que le plus souvent les managers initient des réunions axées sur les aspects dysfonctionnels plus que motivationnels.
« En tant que manager, les réunions d’équipe son essentielles. Il faut miser sur les réunions de motivation au cours desquelles un débriefing exhaustif permet de décortiquer ce qui est réussi avant de décortiquer les manques et d’analyser comment les combler. Un manager qui s’inspire de l’esprit sportif dira plutôt à des collaborateurs « j’aime » puis « il me manque » pour souligner les forces et les manques. »
Entre manager et collaborateurs, la communication doit passer sans faux semblant, avec fluidité et respect des identités et des rôles. A cette condition, les organisations peuvent cultiver les compétences collectives et individuelles, et les faire grandir.
En entreprise, Olga intervient auprès des équipes pour les aider à renforcer leur performance collective.
« Je crée des espaces de dialogues qui permettent de construire un langage commun, à apprendre à donner un feedback constructif, à communiquer d’une façon efficace, à faire émerger les non-dits. Les ateliers collectifs permettent à chacun de définir son rôle et sa place dans la dynamique vivante de l’équipe. »
Tout manager devrait créer un environnement où l’échec n’est pas sanctionné mais considéré comme une opportunité de progression. Ce droit à l’erreur, s’il est de mise sur le terrain, qu’en est-il dans l’entreprise ?
Pour Olga, l’objectif premier est un travail en profondeur avec les managers.
« Je crée un climat où il est possible de dire « je ne sais pas », « j’ai fait une erreur » sans crainte d’être jugé. Ensuite, nous travaillons sur la perception de l’erreur. Par exemple, la question « quelle erreur vous a permis le plus d’apprendre dans votre parcours ? » permet de comprendre que les échecs sont souvent une source des plus belles compétences. »
Trouver les bons outils pour mieux communiquer, mieux comprendre les autres, pouvoir s’exprimer librement, confronter ses points de vues et ses idées, est essentiel pour créer une dynamique d’équipe gagnante et résiliente.
« Il existe plusieurs outils qui permettent de mieux comprendre les uns les autres, de s’exprimer librement sans blesser. A titre d’exemple, la méthode DISC1 permet de comprendre le fonctionnement de chacun et de s’y adapter. La méthode DESC2 permet de donner un feedback constructif en s’appuyant sur des faits observés. »
1.outil psychométrique utilisé pour comprendre et analyser les comportements des individus au sein d’une équipe et augmenter sa performance.
2. outil pour mieux communiquer avec les autres. Il est souvent utilisé par les managers d’équipe pour exposer une erreur réalisée par un collaborateur.
Nous avons demandé à Frédérick et Olga leur vision en termes de formation professionnelle, aussi bien pour les managers que les collaborateurs. Leurs conseils se rejoignent : toutes formations qui renforcent la communication et l’intelligence émotionnelle.
Pour Olga Pakhomova, des indicateurs concrets révèlent la valeur ajoutée d’une véritable cohésion d’équipe dans un esprit collectif fort :
« Parmi eux, on peut nommer le turn-over plus faible et l’absentéisme réduit. Dans une équipe soudée, il y a moins de cas de burn-out, le climat de travail est plus agréable et plus propice à la performance, les membres de l’équipe se sentent utiles et restent plus longtemps ».
Pour Frédérick Guillaud, un des bénéfices est la connaissance approfondie des membres de l’équipe. Un élément clé qui permet de constituer des équipes cohérentes et performantes :
« Lors d’une interview, j’ai demandé à un entraîneur sportif de haut niveau « comment est-il possible de reprendre la conduite d’une équipe qui se connaît déjà, de l’accepter telle qu’elle est ? ». Selon lui, il faut miser sur le temps pour partir à la découverte de l’équipe, connaître chaque membre vraiment, identifier les points forts, les manques et comment combler ces manques. Pour en arriver là, il faut prendre du recul, prendre le temps de s’intéresser vraiment à l’autre. »
L’inspiration du monde sportif de haut niveau ouvre des portes sur des leviers méthodiques et puissants. En se concentrant sur les dynamiques humaines, sur la cohésion, l’état d’esprit et l’agentivité, et en osant la diversité des profils et des talents, les entreprises proposent alors un management agile pour atteindre des sommets en performance collective.
Comme le résument si bien nos experts :
« Un seul bon joueur ne suffit pas pour faire gagner toute l’équipe. Il doit y avoir la possibilité pour chacun de trouver sa place et de se sentir utile et reconnu. » – Olga Pakhomova
« Pour mener une équipe à la performance, il faut s’intéresser vraiment à l’autre. » – Frédérick Guillaud
Nos remerciements à Olga Pakhomova – coach professionnelle certifiée – et Frédérick Guillaud –consultant formateur en communication chez Audavia – pour leur participation à la rédaction de cet article.
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